Magali Vermeersch : “Nous sommes tous issus d’un passé, il fait de nous un tout”
Originaire du nord de la France, Magali Vermeersch est une artiste qui utilise des ouvrages laissés à l’abandon pour nous entraîner dans une multitude d’univers intimistes.
Présentez-nous votre parcours artistique
J’ai une formation dans le domaine textile ainsi qu’un diplôme supérieur d’arts plastiques. J’ai été responsable de collection et professeure d’arts plastiques pendant des années puis j’ai tout arrêté pour me consacrer à mes enfants. Cela fait cinq ans que je me suis remise à la création et j’ai donc monté mon atelier à Saint-Cyprien (Aveyron) il y a trois ans.
On ressent un message poétique, presque mélancolique à travers vos œuvres, d’où vous vient cet intérêt pour ces objets anciens ?
Premièrement, je pense que le travail du papier comme matériau initial est lié à ce goût pour le recyclage que je porte. Mon mari et moi-même sommes dans une démarche écologique, notre maison est faite de bois et j’aime fouiller dans des brocantes.
De plus, je pense que j’ai gardé en moi l’adolescente assez réservée que j’étais. Ce côté intimiste qui ressort dans mon travail représente peut-être mon goût pour tout ce qui vient du passé. Peut-être est-ce lié à mon histoire, aux souvenirs avec mon père que j’ai perdu durant mon enfance qui font que j’ai une telle nostalgie pour les objets du passé. Nous sommes un tout, influencés par le passé et perméables au futur. J’ai décidé d’allier l’ancien au moderne.
Enfin, je vois mon travail comme une collaboration car j’utilise des journaux et des livres qui ont déjà été écrits. Je ne commence jamais par une page blanche, il y a toujours le travail d’un autre en amont.
Si nous regardons votre parcours artistique, vous êtes passée par plusieurs phases assez distinctes (les vêtements de papier, les héros de bandes dessinées, les billets Picsou). Quelles ont été vos inspirations pour chaque projet ?
Mon tout premier projet reflète ma formation textile car je suis partie de l’habillement de chaussures et de vêtements.
J’ai ensuite eu une demande de la galerie Sakura pour travailler sur le thème des super-héros. J’ai alors créé des vêtements en papier de super-héroïnes et au fur et à mesure ce monde de Marvel m’a plu.
Pendant le confinement je n’ai pas pu faire de brocante et je me suis donc tournée vers les créations minérales. C’est totalement différent de ce que je fais d’habitude mais ça m’a permis de travailler sur un terrain que je ne connaissais pas.
Deux facettes ressortent à chaque fois dans mes divers travaux : mon goût pour le volume et l’utilisation d’ouvrages anciens. Je passe d’un univers à un autre et je suis dans la recherche constante d’autres thèmes à explorer.
Beaucoup de vos créations sont liées à la mode, vos études vous ont-elles influencé dans cette voie ?
Je pense que mes formations m’ont aidée à me diversifier dans mes pratiques artistiques et à explorer d’autres environs. J’ai développé un panel de créations à partir d’une base qui était mon goût pour les papiers anciens. Bien sûr ma formation en textile ressort parfois dans certaines de mes créations comme par exemple le tissage ou le volume sur les billets “Picsou”.
Si vous deviez décrire votre travail, quels termes emploieriez-vous ?
Je pense que c’est une question de perception, je ne travaille pas forcément en conscience. C’est la création qui prime pour moi et les mots viennent du regard des autres sur mon travail. Ils sont d’ailleurs souvent plus justes dans leurs termes.
Vos billets ont rencontré un grand succès à la dernière exposition Street Money à la galerie Sakura. Vous attendiez-vous à une telle réussite ? Pensez-vous que les galeries soient une opportunité pour donner de la visibilité à votre travail ?
La galerie Sakura m’a permis d’explorer d’autres univers, de sortir de ma zone de confort et de me faire connaître en Île-de-France. Le fait de travailler sur un même support en collaboration avec d’autres artistes est une idée qui m’a beaucoup plu. Comme je n’actualise pas beaucoup mes travaux sur internet, la galerie m’a donné de la visibilité et j’en tire une très belle expérience.
Vous pouvez retrouver ses créations sur sa page Instagram
Propos recueillis par Eléonore Prunevieille
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